La guerre entre le Hamas et Israël, n’est pas "une guerre juste" selon l’Église catholique

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Depuis l’attaque du 7 octobre par le mouvement terroriste du Hamas contre le territoire israélien, l’État hébreu mène une offensive de grande ampleur dans les territoires palestiniens, et notamment la bande de Gaza. Si certains tentent de trouver des justifications à cette offensive armée qui impacte la vie de centaines de milliers de civils, pour la commission Justice et Paix de Terre Sainte, il ne s’agit aucunement d’une guerre juste, comme l’entendait saint Thomas d’Aquin.

"Une prétendue 'guerre juste' qui perpétue l'injustice et aggrave la destruction risque de tourner en dérision le mot 'justice'". La commission Justice et Paix de Terre Sainte dans son dernier communiqué en date du 30 juin ne mâche pas ses mots, pour condamner l’offensive militaire de Tsahal dans la bande de Gaza.

Affiliée à la Custodie des franciscains, et créé en 1971, cette commission de l'Église catholique, a pour objectif d'examiner la situation politique en Palestine et d'assurer la pérennité de la présence chrétienne en Terre sainte.

Dans son communiqué du 30 juin, la commission fustige "l'usage abusif d'un terme utilisé dans la doctrine catholique", celui de la "guerre juste".

C’est le docteur angélique, saint Thomas d’Aquin, qui structure véritablement le concept de guerre juste au sein de la foi catholique. Une nécessité dans le contexte du Moyen-âge où les guerres entre seigneurs ou roi rivaux étaient nombreuses.

Reprise par le catéchisme de l’Église catholique, saint Thomas en donne une définition stricte et limitée, à trois critères cumulatifs :

"Le dommage infligé par l'agresseur à la nation ou à la communauté des nations doit être durable, grave et certain ; tous les autres moyens d'y mettre fin doivent s'être révélés impraticables ou inefficaces ; il doit y avoir des perspectives sérieuses de succès ; et l'usage des armes ne doit pas produire des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer."

La commission Justice et Paix aligne les arguments opposés à une telle définition dont le fait "qu'à plusieurs reprises, les négociations n'ont pas été épuisées avant le recours à la force, et que l'absence d'objectifs déclarés de la part d'Israël rend les 'perspectives sérieuses de succès' impossibles à mesurer".

"Plus important encore, les guerres justes doivent clairement faire la distinction entre les civils et les combattants, un principe qui a été ignoré dans cette guerre par les deux parties, avec des résultats tragiques. Les guerres justes doivent également faire un usage proportionné de la force, ce qui n'est pas facile à dire dans une guerre où le nombre de morts palestiniens est supérieur de dizaines de milliers à celui d'Israël, et où une nette majorité des victimes palestiniennes sont des femmes et des enfants", poursuit la commission.

En effet, déclenchée après le massacre de plus de 1100 personnes, la guerre d’Israël contre le Hamas a entraîné la mort de plus de 37 000 personnes selon le ministre de la santé du Hamas, dont de nombreux enfants et femmes. "Plus d’un million de personnes sont une fois encore à nouveau déplacées, en quête d’un abri et de sécurité, (ce qui porte) à 1,9 million le nombre de personnes déplacées à travers Gaza", a récemment déclaré Mme Kaag au siège de l’ONU. Soit environ 80% de la population gazaouie.

Face à cette charge de la commission Justice et Paix de Terre Sainte, l’ambassade d’Israël près du Saint-Siège s’est indignée et a accusé "certains chrétiens" de s’opposer "au droit d’Israël de se défendre contre ses ennemis". Selon Israël, son armée réagit à une "guerre contre l’existence d’Israël", les attaques venant de nombreux autres pays comme le Liban ou l’Iran. De plus, selon l’ambassade, les objectifs d’Israël sont clairement définis :

"Mettre fin à la domination du Hamas dans la bande de Gaza et garantir que les atrocités comme celles commises le 7 octobre ne se répètent pas."

Concluant son texte, la commission Justice et Paix de Terre Sainte aspire à "une vraie justice", espérant "contre toute attente que la guerre cessera".

Jean Benoît Harel 

Crédit image : Shutterstock / Anas-Mohammed

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